Un ancien cadre, une image ojibwé, une belle histoire
Que faire avec un ancien cadre dont les dimensions fantaisites ne permettent pas la mise en valeur des photos ou illustrations actuelles?
Réponse : Encadrer des illustrations américaines ou canadiennes. Ce sera donc une carte d'art amérindien représentant deux oies par l'artiste Ojibwé Benjamin CheeChee.
Un décapage, une peinture mate blanche, quelques reprises de ponçage pour lui donner un air vieilli et un peu de cire dorée appliquée du bout des doigts et voilà un cadre sorti du grenier qui reprend vie et trône en belle place dans mon salon.
Benjamin Chee Chee est un artiste amérindien qui a su donner un élan tellement moderne à l'art traditionnel que chaque fois que mon regard se pose sur ses dessins, je m'émerveille de la qualité expressive du trait. Il dessine les animaux de son environnement et tous sont expressifs mais ce sont les oies en vol que je préfère.
C'est sur la rive canadienne de la région du lac Supérieur que nous avons découvert la culture ojibwé. Les indiens Ojibwé (ou Chippewa aux USA) constituent la plus importante nation amérindienne d'Amérique du Nord. Ils sont environ 300 000 à vivre dans la région des grands lacs, se répartissant entre Etats-unis et Canada.
Un grand nombre d'entre eux pratique encore la langue algonquine, le objiwé. Je me souviens l'avoir vue inscrite sur le panneau d'entrée de l'Université Lakehead de Thunder Bay.
Voici par exemple la traduction de l'article 1 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité
Et l'envie vous prend de parler ojibwé, voici la translitération :
Kakinawenen kapimatisiwat nitawikiwak tipenimitisowinik mina tapita kiciinetakosiwin kaye tepaketakosiwin. Otayanawa mikawiwin kaye nipwakawin minawa tash ciishikanawapatiwapan acako minowiciwitiwinik.
Elle s'accompagne d'idéogrammes habituellement gravés sur des rouleaux d'écorce de bouleau.
C'est probablement de cette capacité à transmettre ce qu'ils ont vu par l'écrit qu'ils doivent leur nom ozhibii'oweg (ceux qui gardent une trace de leur vision).
Avec l'aide des Français d'abord et des Anglais ensuite, les Ojibwés ont combattu leurs grands ennemis les Sioux et les Iroquois. Ayant par la suite signé des accords avec ceux qui les avaient aidés, ils n'ont jamais été chassés comme l'ont été d'autres tribus mais ont leur a attribué des terres sur lesquels ils vivent encore, avec quelques privilèges comme la chasse mais pas toujours avec la considération qu'ils sont en droit d'attendent.
Ces terres portent toujours le nom de" réserves" et sont signalées par des panneaux "First nation" comme celui-ci.
Cet article sur les Objiwés me donne l'occasion de rendre hommage à une personne que j'aime beaucoup: Rebecca Johnson.
Notre amie canadienne, councillor at large depuis de nombreuses années à Thunder Bay, oeuvre avec patience et efficacité pour donner chaque jour une meilleure reconnaissance de ce peuple riche de son passé. Actuellement le projet est d'agrandir leur "réserve" mais les réticences et les freins sont multiples et tenaces. Elle a le courage et la ténacité nécessaires pour réussir. Elle s'est battue pour leur donner les chances d'un meilleur suivi médical et endiguer la propagation de la drogue et de l'alcool qu'ils ont appris à consommer a notre contact.
Voilà comment d'un petit cadre trouvé dans le grenier , je suis venue à vous parler des objiwés. Je vous en parlerai probablement encore car j'ai le souvenir d'un inoubliable pow-pow musical et coloré.
Merci de votre passage par ici
Portez-vous bien. Echappez à la grippe si vous le pouvez et profitez des rayons de soleil qui reviennent peu à peu.